Le profiler aide les enquêteurs et les tribunaux à déterminer la peine qui semble la plus adaptée au crime. Ce travail de recherche est aussi utile à la police et la gendarmerie qui met en place des moyens de lutte contre la délinquance et la criminalité.
Contrairement à ce que l’on pense souvent, un profiler, aussi appelé criminologue, n’enquête pas principalement sur les tueurs en série. En effet, cet expert est avant tout un spécialiste des sciences du crime. Son rôle est d’analyser la criminalité et d’en déterminer les causes par le biais de différentes approches (psychologiques, économiques, sociales ou politiques). A l’heure actuelle, la profession n’est pas reconnue en France et le métier est, de fait, souvent exercé par des psychologues spécialisés dans le domaine. Le diplôme d’université en criminologie est un diplôme préparé dans le cadre des études de droit à l’université Paris 8. Il s’effectue en collaboration avec l’Institut Médico-légal de Paris, et peut être préparé à titre de formation principale ou à titre de formation complémentaire.
Après une licence de droit ou de psychologie, cap sur l’Institut de criminologie de l’université Paris-II pour accéder à une spécialisation. Au choix : le Certificat de sciences criminelles (techniques médico-légales) ou le Certificat de sciences criminologiques (approches psychologiques).
Une expert dans la science du crime
Le profiler n’est pas seulement chargé de dresser le profil d’un criminel dans le cadre d’une enquête. Au quotidien, il participe à l’analyse des statistiques et à la recherche de l’origine des crimes. Il est d’une aide précieuse pour la police concernant la mise en place de moyens pour prévenir la délinquance, les délits et les crimes dans la société.
Fin connaisseur de l’actualité juridique, il étudie différents cas de criminels en prenant en compte l’aspect sociologique, psychologique ou économique du profil des concernés. Le profileur s’occupe aussi d’effectuer les examens psychologiques des délinquants ou des criminels et peut également assister les tribunaux afin de fixer une peine proportionnelle aux crimes et à leurs causes.
Des connaissances très diverses
Les tâches très variées réalisées par le profileur nécessitent que ses compétences le soient tout autant. Polyvalent, il est doté de connaissances dans de nombreux domaines : psychologie, sociologie et plus spécifiquement sciences criminelles. Posséder des notions en droit pénal est également fortement recommandé pour intégrer la profession.
Patience et sens de l’observation
L’une des qualités primordiales pour devenir profileur est de faire preuve d’un grand sens de l’observation et de beaucoup de patience. L’élaboration de résultats statistiques sur les profils des criminels peut prendre plusieurs années.
Les personnes à ce poste doivent savoir allier humilité, empathie et maîtrise de soi dans toutes les situations. En plus d’être capable de travailler en équipe ces spécialistes de la criminologie doivent dispoer d’une force psychologique importante.
Deux profilers français dévoilent leurs méthodes
Les psycho-criminologues dissèquent les dossiers criminels pour dessiner des portraits psychologiques et faire avancer les enquêtes difficiles. Deux d’entre eux, Florent Gatherias et Emma Oliveira, viennent d’achever un passionnant livre de témoignages.
Un scénariste de thrillers aurait fait d’eux des personnages de film ou de série promis au succès : un duo d’équipiers chargé de résoudre des affaires criminelles par le prisme de la psychologie. Florent Gatherias et Emma Oliveira sont les deux premiers « psycho-criminologues » français. C’est à eux que la justice fait appel pour traquer les non-dits d’un suspect sur un PV de garde à vue, décortiquer une biographie, orienter une stratégie d’interrogatoires.
FLORENT GATHERIAS. Les enquêteurs avaient isolé tous les propriétaires du département qui possédaient le modèle de moto utilisé lors des crimes. L’un d’eux avait attiré leur attention à cause d’une fausse adresse et il avait déjà un dossier judiciaire. Nous recherchions un profil pathologique, avec violence et impulsivité, car les quatre victimes abattues entre 2011 et 2012 n’avaient aucun point commun, sauf géographique. Nous avons travaillé quatre jours d’affilée pour décortiquer tout ce qui existait sur lui. Plus nous lisions ses auditions, plus nous nous alarmions, ses comportements étaient excessifs, son mal-être frappant : il avait poignardé sa mère, saccagé sa chambre, avait mis le feu une bibliothèque et se promenait avec un couteau sur lui…
Alors ?
EMMA OLIVEIRA. Nous étions un vendredi, le profil tracé était plus qu’inquiétant et nous avons suggéré qu’il ne fallait pas attendre le lundi pour l’interpeller, les dates des quatre meurtres successifs étaient de plus en plus rapprochées, il y avait une escalade. Il a été arrêté, puis nous avons aidé les enquêteurs à préparer sa garde à vue avec l’ensemble des éléments psychologiques que nous avions recueillis.